T4deliriousny’s Blog – Groupe7


Postmoderne et storytelling
Mai 25, 2009, 1:31
Filed under: Reflexion, Virtuel

C. Salmon, dans son ouvrage intitulé « Storytelling, la machine à fabriquer des histoires à formater les esprits » nous plonge » à l’intérieur du monde virtuel du storytelling« .

Le fait disparaît, le réel s’efface dans le récit. La figure centrale du récit devient un objet mis en scène (cf. campagne Bush Jr), il ne s’exprime pas. « L’esprit du temps, qualifié de postmoderne, […] qui privilégierait , après le reflux des grands récits, les anecdotes, le miroitements des petites histoires ».

Les postmodernes face au constat de la non-objectivité radicale de l’être, liée à la découverte de l’inconscient, s’opposent au modernisme. Il réhabilite le sujet, l’humain, face à la norme, les sous-cultures face au dogme d’une culture supérieure (qui serait celle de la civilisation européenne). Il s’agit de laisser place à l’inconscient, à l’anecdote, de revendiquer la fiction, de considérer le réel comme création.

Le récit est une fiction, et l’architecture fictive est un récit.

Nous ouvrons ici la question de la création architecturale comme fiction, de la virtualisation de l’architecture comme Baudrillard la définie, de l’introduction du récit dans la publication puis dans la création du projet. Si tout projet est une fonction, faut-il aller plus loin dans la virtualisation, dans la computation ? L’architecture peut-elle basculer entièrement dans le virtuel, se libérer des réalités programmatives, politiques, structurelles? L‘architecture de secondlife est elle de l’architecture? Faut-il chercher une nouvelle réalité, véracité dans laquelle enraciner l’architecture ? Doit-on faire le deuil de l’architecture classique (cf. Eisenman),lui offrir une autre radicalité ?

Au final, nous nous sommes aperçus qu’il était impossible de s’affranchir de toute contrainte, la première d’entre elles étant notre propre imagination. Nous sommes limités par notre capacité à concevoir. Le glissement postmoderne du réel au virtuel, en architecture, permet de mettre à jour d’autres questionnements.

Ainsi, pour certains projets, notamment d’aménagement du territoire à grande échelle, comme le Grand Paris, les projets de mégastructure, de super-buildings, ces bigness, ou des projets comme celui pour le parc de la Villette questionnent une multitude d’échelles économiques, politiques, structurelles, artistiques, urbanistiques, humaines… Il est impossible d’aborder toutes ces question d’un seul front, et il faut donc savoir s’affranchir d’un certain nombre de ces questions, pour en exploiter certains. Il faut avoir la capacité à reconnaitre notre limitation conceptuelle pour pouvoir entreprendre de tels projets.  L’architecture virtuelle, fictive, est donc un outil de conception pour de tels projets, qui doivent se baser sur des récits pour être intelligibles, des récits comme celui porté par NY Délire.



C, Salmon, Storytelling, la machine à fabriquer des histoires à formater des esprits, 2007



De la virtualité
Mai 24, 2009, 10:20
Filed under: Virtuel

Suite de l’article portant sur le texte de Baudrillard. Il s’agit ici de questionner le rapport de l’architecture et de la création architecturale à l’outil informatique. De porter un regard critique et averti sur tout un pan de l’architecture contemporaine.

NON ARCHITECTURE

Dans New York Délire, Koolhaas évoque la possibilité d’une architecture sans architecte. A. Ravéreau s’intéresse à l’architecture vernaculaire mozabite en Algérie et en fait « une leçon d’architecture ». Ici, Baudrillard évoque la non-existence de l’architecture lorsqu’elle est produite sans l’idée d’architecture. On revient alors à l’exemple de l’Amérique contemporaine, avec ses villes ou l’architecture « s’y est faite oublier. […] On peut circuler là-dedans comme dans un désert sans se donner la comédie de l’art, de l’esthétique, de l’architecture« .

ANTI-ARCHITECTURE

Baudrillard cite alors lui même New York Délire : « comment Manhattan s’est édifié à partir de quelque chose qui n’avait rien d’architectural, le parc d’attraction de Cosney Island. Pour moi c’est là la perfection de l’architecture que celle qui par ses dimensions efface ses propres traces et où l’espace est la pensée même. »

COMEDIE

« Il n’y a pas de pensée forte que celle qui se donne plus la comédie du sens et de la profondeur, ou la comédie de l’histoire des idées, ou la comédie de lavérité«  déclare Baudrillard.

FICTION

La même idée sous la plume d’Eisenman : « Depuis le XVe siècle, l’architecture est sous l’influence de trois fictions. […] Chacune d’elle repose sur des fondements particuliers : la représentation doit donner forme à l’idée du sens, la raison à celle de la vérité, l’histoire à celle de l’éternité par rapport à celle du changement. »

VIRTUALITE

Baudrillard, dans son discours, met en garde contre un risque de disparition de l’architecture, de « la fin de l’aventure architecturale« . Le déplacement de l’espace de création dans le champs de la technique lui impose alors non seulement ses limites mais aussi son orientation. Il se réfère alors à une analyse de W. Flusser appliquée à l’outil de la photographie.

L’auteur se dresse contre ce virtuel qui consisterait en « l’épuisement de toutes les virtualités techniques de l’appareil » qui ouvrirait sur « une écriture automatique du monde ». L’architecture se déconnecte alors de la réalité, mais encore de la subjectivité de l’architecte, n’exprimant plus que celle de l’appareil.

Baudrillard s’attaque à « la performance et la mise en scène d’une machinerie, d’une technologie mentale appliquée ». Ce procesus qui fait du Gugenheim de Bilbao un « ready made ». Cad un objet dont la dimension artistique ne réside plus que dans sa mise en scène, sa transposition dans le domaine artistique.

« Est ce que tout ce qui a lieu aujourd’hui dans tous les domaines n’a pas lieu sur la base d’une disparition du réel, tout simplement dans le virtuel ? »

COMMUNICATION / SOCIETE DU SPECTACLE

« L’architecture est aujourd’hui vouée en grande partie à la culture, à la communication, c’est à dire à l’ésthétisation virtuelle de toute la société. »

Baudrillard dresse ici le sombre portrait de gens qui « deviennent les figurants virtuels de leur propre vie » au sein « d’espaces virtuels qu’on a appelés à juste titre des lieux de disparition ».


FONCTIONALISME ?

Le texte fait le constat du basculement d’un fonctionnalisme lié à un monde mécanique, avec des besoins organiques et une relation sociale réelle, à un fonctionnalisme du virtuel, au risque de voir l’architecture devenir elle aussi inutile.

REEL ?

« Peut-il y avoir une architecture du temps réel, une architecture des flux et des réseaux, une architecture de la visibilité absolue, du virtuel, de l’opérationnel, et de la transparence; une architecture polymorphe à destination variable. « 

ESPOIR

« Il existe encore, au de-là de toute illusion ou désillusion un futur de l’architecture auquel je crois, même si ce futur de l’architecture n’est pas  forcément architectural. « 

P. Eisenman, La Fin du Classique : La Fin du Début, la Fin de la Fin, 1984

J. Baudrillard, Vérité ou radicalité de l’architecture, 1999



Métamorphose des fantasmes en fiction : l’hypothèse de la digestion
Mai 24, 2009, 12:32
Filed under: Reflexion | Étiquettes: , , , , ,

En lien avec cela

Un fantasme est tout effet de l’imaginaire qui tend à échapper à l’emprise de la réalité. (Définition)

“ En moins d’une décennie, ils ont inventé et imposé un urbanisme fondé sur la nouvelle technologie du fantasme, une conspiration permanente contre les réalités du monde extérieur. (…) l’architecture est l’utilisation de l’arsenal technologique pour pallier la perte de matérialité.(…) La métropole aboutit à une pénurie de réalité. Les multiples réalités artificielles de Coney proposent une solution de rechange.”

New York Délire de Rem Koolhaas p 62

“Nous vivons dans un gigantesque roman. Pour l’écrivain, en particulier, il est de moins en moins nécessaire d’inventer un contenu fictionnel pour son roman. La fiction est déja là. La tâche de l’écrivain est maintenant d’inventer la réalité”

S,M,L,XL de Rem Koolhaas

Si l’architecture de Coney Island, et par extension de Manhattan, est conçue comme une solution pour échapper à la réalité, celle du post-modernisme est tout autre. En effet, on observe un décalage profond entre la situation du promoteur-constructeur de New York et celle de l’architecte actuel. Les promoteurs créent une nouvelle réalité pour échapper à la nouvelle métropole de moins en moins réelle. Un fantasme vient en quelque sorte chasser un autre fantasme : les concepteurs ont encore la possibilité d’apporter leur pierre à l’édifice. Puis vient la saturation, dès les années 70, tous ces fantasmes de réalités  s’accumulent et se superposent : ils forment en fait une seule et même fiction. Si les fantasmes ont été polymorphes, ils sont aujourd’hui réunis pour former la réalité, cette autre fiction. Le New-York du début de vingtième siècle pourrait être une période de bourgeonnement des idéaux, la fin du siècle un état avancé de décomposition où tout se mêle pour former une fiction générale. Le monde s’est construit avec les fantasmes, aujourd’hui, ils sont acceptés par tous. Le post- modernisme doit construire sa réalité en jouant avec la fiction collective. La fiction donne aux architectes un matériel pour créer leur histoire même s’ils ne doivent pas oublier qu’ils jouent avec la réalité.



Generator Project – Cedric Price
Mai 11, 2009, 8:55
Filed under: Technologie | Étiquettes: , , , ,

Différents groupes ont deja parlé de Cédric Price, notemment pour son « Fun palace » ou son « Interaction Center ». La démarche qui nous interesse ici est celle du concepteur qui substitue l’arbitraire de son choix à l’aléatoire de l’ordinateur. Si la première étape d’une fictionalisation de la conception serait la découverte de l’inconscient qui résume notre pensée à la justification rationelle de nos pulsions, cette prise de conscience de la non-maîtrise et de la subjectivité radicale (au sens ethymologique) de tout acte de création amène ensuite de nombreux architectes et artistes à repnser leur démarche. Les réponses sont diverses et variées, de la méthode paranoïacritique, à la computation en passant par l’écriture automatique.  Le projet comme fiction :      « Tout projet est une fiction ».

Générator Project est un autre projet de Price, jamais construit, datant de 1976-1979 où il adapte la cybernétique à l’architecture.

Ce projet devait être réalisé dans une forêt en Floride. Différents modules (150 cubes en bois de 4m de côté avec un assemblage métallique, air conditionné et des passerelles pour les relier) auraient été posés sur une grille, composée de rails. Les modules auraient été rendus mobiles grâce à des grues controlées par un système informatique.

Price aurait calculé 2600 cas de figures dont un cas « ennui ». Le programme contrôlant l’assemblage aurait été capable d’évoluer de lui même et de faire des propositions pour changer l’environnement. L’outil informatique deviendrait donc un élément générateur du projet.

lien donnant sur un site traitant du générator project :

http://www.activesocialplastic.com/2007/08/cedric_prices_generator.html



Où va t’on ? Bilan.
Mai 11, 2009, 8:46
Filed under: Reflexion | Étiquettes: , , , ,

Lorsque nous avons commencé, nous avons tout d’abord basé notre réflexion sur une phrase issue du cours, « un projet est toujours une fiction ». Nous avons voulu développer cette idée d’architecture fictive au travers différents textes théoriques et des exemples plus concrets de projets, réalisés ou non. Nous avons donc abordé différents types de projets fictifs, faisant écho à NewYork Délire.

Petit à petit, nous nous sommes dirigés vers l’idée d’une architecture fictive qui s’astreindrait des lois matérielles, que ce soit en créant des espaces non conventionnels, ou en devenant invisible, intangible. Dans cette optique,nous voulons aborder la question des champs électriques, de l’informatique (et donc de l’outil), des espaces technologiques, s’affranchissant de toute matérialité.

Lorsqu’un projet est conçu en dehors de toute contrainte matérielle, quelle est la valeur de l’architecture ? L’architecture dépend elle de la matière ou porte-elle en elle des notions et des concepts plus larges que le simple spectre du visible, du tangible ? L’architecture peut elle exister sans matière ?



Architecture fictionnelle : déplacement des frontières de la perception

L’architecture peut être considérée comme l’art de créer du vide. Or souvent il a été question de créer du vide en construisant ou en creusant du plein. Avec les découvertes dans les nano-technologies et dans l’astronomie, on voit les portes de la perception s’élargir de l’infiniment grand jusqu’à l’infiniment petit. Dans ce contexte, on peut imaginer que les limites physiques entre l’espace et l’organisme ont évoluées. . Les limites est souvent visuelles, puis matérielles ( exemple du mur ) mais l’on explore rarement d’autres champs comme par exemple les limites sonores, olfactives voire physiologiques dans l’architecture. Pour Decosterd & Rahm, les possibilités technologiques permettent d’établir une continuité entre l’architecture et le métabolisme humain, c’est à dire de repousser les limites sensorielles visibles dans le champ de l’invisible. Dans Hormonale City, projet artistique de Berdaguer & Péjus en collaboration avec Décosterd & Rahm, la diffusion d’hormones dans l’air détermine des quartiers.

L’architecture n’est plus visible mais perceptible par les sens. L’habitant devient plus attentif à ses sens car ce sont eux qui sont les nouveaux récepteurs de l’architecture. “L’architecture devient endocriennienne, à respirer, à s’éblouir”. On repousse les limites à l’intérieur du corps. L’architecture devient alors la création de climat, lumière ou hormone favorisant le sommeil, la sexualité, le travail… Un changement d’échelle mais aussi la suppresion de la liberté de choix. En effet ce modèle d’architecture physiologique considère l’homme comme un animal répond à ses besoins hormonaux. Alors que l’architecture crée des espaces pour y accomplir des besoins ou des envies, ici ce sont les envies (données par les hormones émises) qui délimitent les espaces.

Lien vers l’animation sonore : Présentation de Hormonale City

Description de Hormonale City, traduction de l’animation sonore :

(Q.A) Quartier A, Sport et agrément physique : Le quartier se présente comme un espace dans lequel le taux d’oxygène de l’air est réduit provoquant une hyperventilation, une diminution du CO2 dans le sang ayant un effet tonifiant sur le corps. Au bout de quelques jours, il y a une augmentation de la présence de globules rouges dans le sang, par la production d’EPO améliorant l’oxygénation des muscles et les capacités physiques générales du corps.

(Q.B) Quartier B, Amour et activité sexuelle : Le quartier se présente comme un espace dans lequel des phéromones sexuelles sont diffusées.Ces hormones volatiles sont captées par l’organe voméronasal lequel transmet des stimulations sexuelles à l’organisme.

(Q.C) Quartier C, Travail : Le quartier se présente comme une surface sur laquelle des substances stimulantes sont dispersées et que l’on absorbe.Caféine,amphétamine sont absorbées agissant sur le système nerveux central et sur la sécrétion d’adrénaline provoquant une réaction d’alerte.

(Q.D) Quartier D, Repos : L’espace se présente comme un lieu déterminé par un rayonnement lumineux provoquant par l’intermédiaire de la rétine une sécrétion par la glande pinéale de la mélatonine laquelle donne à l’organisme des informations liées à la fatigue et au sommeil.

(Q.E) Quartier E, Réconfort : Le quartier propose un épandage d’antidépresseurs, d’anxiolytiques agissant sur les neurotransmetteurs.

(Q.F) Quartier F, Sociabilité et divertissement: Le quartier est un lieu de bonne humeur et de rencontre. L’air contient du protoxyde d’Azote lequel agit sur le cerveau au niveau des synapses provoquant euphorie et hilarité.

(Q.G) Quartier G, Neurasthénie : Le quartier se présente comme un épandage de lactate de soude et de certains cortisones agissant dans le cerveau et provoquant de terribles angoisses.

(Q.H) Quartier H, Sommeil : L’air est modifié par émission de produits volatiles du groupement halogénée du type isoflurane, enflurane, induisant une perte de connaissance.

(Q.I) Quartier I, Soulagement : L’air contient une faible quantité de protoxyde d’Azote de qualité analgésique, supprimant les douleurs.

(Q.J) Quartier J, Production : L’espace est immergé dans un rayonnement électromagnétique à 509 nm d’une luminescence de 10000 lux bloquant la sécrétion de mélatonine et les informations liées à la fatigue.

(Q.K) Quartier K, Vacances : L’espace est déterminé par un rayonnement électromagnétique d’UV-A provoquant une meilleure irrigation de la peau et le bronzage, régulant le système neurovégétatif permettant à l’organisme d’améliorer sa capacité de récupération et de maintenir sa vitalité.

(Q.L) Quartier L, Réchauffement :Le quartier est plongé dans un rayonnement d’infrarouge réchauffant le corps.

L’ensemble de la ville est désservie par un système de transport souterrain.

Les grilles de ventilation sont aménagées avec un éclairage photothérapeutique communiquant également de la chaleur. Ces endroits, multiples dans la ville, constituent des plates-formes régénérantes. Répartis dans la ville, on trouve également des morceaux de sucre à absorber contre le froid.

Les quartiers ne sont pas limités autrement que par la perte d’efficience dans la distance des rayonnements électromagnétiques et de la qualification chimique de l’air. La forme de la ville est toujours fluctuante, de même que les formes et les dimensions des quartiers, lesquelles se dilatent selon les variations de pression, entre des formes elliptiques bien caractérisées en dépression et d’autres plus élastiques en hautes pressions. Des zones de perturbations incontrôlées se créent entre les quartiers engendrant des climats physiologiquement indéterminés”



Architecture fictionnelle : invention d’un nouveau site

Ou plutôt architecture de l’ubiquité. Puisqu’aujourd’hui on peut être partout en même temps, l’architecture peut elle aussi devenir une passerelle vers  un ailleurs. L’architecture devient alors une faille dans l’espace-temps. Un pli qui nous amène sous une autre latitude : une autre heure et un climat autre. La maison se transforme en cabine de téléportation instantanée. Par le climat, la lumière, l’humidité ou encore l’ensoleillement artificiel, on peut recréer les conditions de vie d’un pays différent. On peut alors se trouver en Inde dans son appartement tout en regardant Israël à la télé et en jetant de temps à autre un œil sur le paysage parisien par la fenêtre. À force d’être partout en même temps on n’est nulle part en particulier. Continuellement connecté, le réseau devient global et le monde uniforme. Il est alors impossible de dire si l’on est à New York, Jakarta, Paris, Dakar ou Bombay car la ville est mondiale. L’homme devient autonome par rapport à la nature. Il crée un monde artificiel uniforme dans lequel il évolue selon sa propre cadence en dehors des rythmes biologiques naturels.

L’homme a inventé le monde de l’ubiquité. Être partout en même temps. L’architecture, par distorsions de l’espace temps, fait elle aussi partie d’une fiction globale.

Paul Virilio – L’outreville

 

Maison d’hiver Tahiti  ou Guadalajara- Vendée, France. Decosterd & Rahm associés

Intérieur de la maison d'hiver

Intérieur de la maison d'hiver

Le système de climatisation vu de haut

Le système de climatisation vu de haut

Ici les architectes se proposent de reconstituer en temps réel le climat et la lumière d’une autre partie du globe. On peut voir sur les photos l’heure et la température de l’endroit dans lequel est implanté la maison : la Vendée mais aussi l’heure et la température de Tahiti, île avec laquelle est synchroniser le climat intérieur de la maison.

« Si la climatisation moderne de l’espace est abstraite et invisible, nous proposons ici de la comprendre comme la reproduction artificielled’un climat géographiquement localisé, chimiquement déterminé. Ainsi l’intérieur de la maison vendéenne en hiver devient, au choix, un climat méridional ou tropical.  » 

Distorsions, Decosterd & Rahm architecture 2000-2005, Editions HYX, 2005



Les outils de la virtualité et leur statut

— en construction —

Le XXe siècle est dans ce sens le contexte temporelle favorisant la CONCRETISATION et la VIRTUALISATION à grande échelle.

L’informatique permet une REALITE VIRTUELLE autrement inaccessible.

Elle est à la fois finie et en développement continue.

L’ordinateur doit il être un OUTIL ou un CONCEPTEUR doué d’une intelligence, capable lui aussi de calculer des possibles et de participer à un processus de projectualisation ? (cf « Paperless Studio », Columbia University sous la direction de Bernard Tschumi; Greg Lyne (cf vidéo ci-dessous); Bernard Cache; NOX (Lars Spuybroek)).

Architecture réelle pour monde virtuel

Certains architectes développent à présent des espaces de réalités parallèles à des fin ludiques ou pratiques. D’autres abandonnent l’idée du contexte, et produisent des espaces virtuels « purs » c’est à dire que ni le contexte, ni la moindre idée de matière, de statique ne peut les affecter (cf. Marcos Novak, Environnements digitaux d’Asymptote, Crescendo Design (architecture dans second life) )

Une méthode Paranoïaque-Critique: l’ architecture M.I.D.I. (projet personnel, en cours de développement)

« La méthode paranoïaque-critique est d’après son créateur, Salvador Dali, « une méthode spontanée de connaissance irrationnelle, basée sur l’objectivation critique et systématique des associations et interprétations délirantes ».
Ce langage pseudo-scientifique dont les bases ont été fournies dans L’Âne pourri en 1928 décrit un système qui lui permettrait de contrôler et d’utiliser sa paranoïa, avec son lot d’hallucinations et d’obsessions, dans un but créatif. » (Wikipedia)
Et selon la réinterprétation de Koolhas:  » La méthode paranoïaque critique consiste à inventer des preuves répondant à des hypothèses indémontrables (et même parfois contre-factuelles) et les greffer sur le monde de la réalité pour permettre à un fait << faux >> de prendre sa place parmi les faits << réels >>. Des faits << faux >> qui jouent dès lors le rôle d’espions révélateurs : plus ils sont conventionnels, plus ils contribuent à une forme de destruction et de mise en doute des certitudes d’une société donnée. » Extrait de l’article « MVRDV: formalisme réaliste et ésthetisation généralisée », Jean-Louis Violeau, Parachute Contemporary Art Magazine, 01/2005

En tant que futurs architectes, il peut sembler normal (serais-ce même notre devoir?) de développer des méthodes PC personnelles afin de promouvoir notre travail.

Dans la continuité des recherches sur l’architecture virtuelle et la fiction qui en découle,  j’ai décidé de créer mes propres outils  paranoïaques. A travers des surfaces de contrôles et des instruments de musique électroniques, je veux créer des espaces. Mon hypothèse de base (éronnée?) est donc: il est possible de construire un bâtiment en tapant sur des cellules piezzo-éléctriques, ce que tout le monde peut faire, même un castor, un pigeon, ou une branche d’arbre contre une vitre. Un castor architecte? Pas plus délirant que de dire que l’on construit tous les jours des maisons en cliquant sur une souris, non?

La musique et l’architecture sont des productions souvent mises en parallèles, dont le travail le plus proche de notre problématique est probablement celui de la musique sérielle de Xenakis . Jusqu’ici le parallèle s’est arrêté à la deuxième dimension: les ONDES. En effet, les travaux graphiques résultant de sons sont toujours élaborés en fonction des ondes sonores, origine physique la plus « pure » encore un fois, de la musique. Les instruments éléctroniques font appel à une nouvelle  antériorité du son: selui du SIGNAL. Et c’est le signal, et non la forme de l’onde, qui m’interesse dans cette méthode: transformer les multiples signaux chiffrés envoyés lors d’une seule et même action, et leur donner 3 dimensions, créant ainsi des volumes, donc des espaces, des architectures virtuelles, semi aléatoires et dont le PROCESSUS de création rentre en RUPTURE avec l’architecture du réel. Les outils traditionnels empiriques sont dérivés, afin d’aboutir à la création d’espaces virtuels qui ne peuvent persister que par la poursuite de leur génération.

Il n’y a plus de structures, il n’y a plus de contexte, pas même de client, peut être une éventuelle idéologie du non-sens à défendre. Seulement la volonté,  et la frustration des réalités qui nous entourent. Je ne sais pas si c’est de l’architecture, après tout les seuls matériaux volatiles de ces espaces sont mon imagination et quelques impulsions d’énergie qu’une boîte en plastique veut bien interprèter comme étant un LANGAGE.

C’est ce langage qui permet la réalisation de la fiction: que ce soit une baguette de pain géante pour Dali, une feuille noircie par quelques traits de fusains pour Manhattan, quelques lignes de code ou quelques centaines de milliers de clics souris pour les architectes d’aujourd’hui. Créer de nouveaux langages, c’est pouvoir dire de nouvelles choses, de l’evanescence de la fiction jusqu’à la réalisation et la fin du projet.

Schéma explicatif de l’architecture MIDI



Virtualité | Intentions | Projets
avril 27, 2009, 12:17
Filed under: Reflexion | Étiquettes: , , , , ,

Cet article est une ébauche concernant le lien entre les virtualités de l’architecture et le projet.

Virtualité + Intentions = Projet

La DEMARCHE et son évolution, mis en œuvre par un outil abstrait /virtuel (le dessin) créent le projet. Le Rockefeller center est 1 projet, résultant de X intentions traduites et développées par X virtualités.

Projet + Virtualité = Intention

IDEES AMENAGEES rendues virtuellement, car n’ayant qu’une réalité subjective. On veut faire voyager les visiteurs de Coney Island, ALORS ? (fin de l’intention, début de la virtualisation).

Intentions + Projet = Virtualité

L’aboutissement d’un projet s’accompagne de l’intention de le concrétiser à

1) et de s’accompagner des impuretés liées à sa réalisation CONCRETE, l’architecture devient MATERIELLE, son développement ABOUTIT. Ainsi finit la FICTION.

2) ou de rester dans une sphère VIRTUELLE d’existence, où la génération, la métamorphose, le remodelage de l’architecture souhaitée NE PEUT PAS aboutir, à moins de sortir de cette fiction qui la NOURRIT et la fait VIVRE. Cette architecture est virtuelle au sens propre du terme.



Lilypad, une « éco-cité » marine futuriste
avril 27, 2009, 12:22
Filed under: Technologie, Utopie | Étiquettes: , ,

Corbett, Hood et les architectes du manhattanisme ont une descendance,du moins dans la manière  de vendre leur projets. La fiction du discours, avec ses prétentions scientifiques, ses omissions mensongères et son illustration utopique renvoie au storytelling.  Ce glissement du rapport au réel, du fait à l’histoire, du vrai au crédible, ne structure pas uniquement la publicité mais s’immisce dans tous les domaines. Les architectes post-modernes ne sont plus les scientifiques de l’habiter, les savants mathématiciens d’une équation aux facteurs connus, classés, pondérés, mesurés… à la recherche de LA solution architecturale et urbanistique de la modernité. Ils réhabillitent la subjectivité et l’humain dans une architecture qui se présente comme le récit d’une pensée, d’une démarche, d’une rencontre entre une sensibilité, un site, un temps, des personnages… Aujourd’hui, le discours n’est plus l’instance de la communication du projet mais le cadre de sa conception.

Récemment, on pouvait trouver sur internet,via un site de télécommunication célèbre, la réclame suivante. (rien n’a été modifié)

« Des villes flottantes, insubmersibles, durables et au design époustouflant : les Lilypad pourraient accueillir jusqu’à 50 000 habitants chacune. Ces véritables « éco-cités » ou « villes amphibies » représentent une solution inédite pour abriter les futurs réfugiés climatiques. Tour d’horizon de ce projet écologique fou et avant-gardiste. Devant un futur si pessimiste, il est important de prévenir très vite les conditions de vie difficiles et le flux des premiers réfugiés climatiques.

L’architecte franco-belge Vincent Callebaut propose une solution : créer des « villes amphibies », qui flottent sur l’eau, pour abriter ces populations. Ce projet prévoit des villes insubmersibles, mi-aquatiques, mi-terrestres, qui reposeraient sur un lagon artificiel. Les rues et les constructions seraient camouflées par une végétation luxuriante. En chaque centre, une zone lagunaire permettrait de lester la structure. Chaque ville peut voyager autour du monde. En effet, soit elle reste à proximité des côtes, soit elle se laisse porter par le gulf stream pour naviguer sur les courants. Inventive et créative, cette ville flottante serait donc une solution inédite aux conséquences des changements climatiques. Ce projet audacieux ne devrait pas voir le jour avant 2100. Les cités de Lilypad sont conçues de manière à pouvoir s’auto-suffire. Elles répondent à des critères de respect du climat, de la biodiversité, de l’eau et de la santé. Avec trois marinas et de nombreuses habitations, chaque Lilypad peut accueillir jusqu’à 50 000 personnes. Les trois montagnes sont respectivement dédiées au travail, aux commerces et aux loisirs.

A l’origine de ce projet : Vincent Callebaut. L’architecte diplômé de l’Institut supérieur d’Architecture de Bruxelles cherche à faire la synthèse entre les sciences physiques, les nouvelles technologies, l’art et le design. Il milite en faveur d’une architecture citoyenne et à l’impact écologique fort. Côté design, Vincent Callebaut s’est largement inspiré des grands nénuphars de la Reine Victoria d’Amazonie, de la famille des nymphéas, agrandis 250 fois.

Les températures augmentent, les glaciers fondent. Selon les pronostics du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), le niveau des océans montera de 20 à 90 cm durant le 21e siècle. Des pays tels que le Vietnam, le Bangladesh et les îles du Pacifique verront des pans entiers de leurs côtes submergés par les flots.

L’objectif : créer une symbiose entre l’urbain, l’humain et les cycles de la nature. Ainsi, chaque cité flottante possèderait un revêtement en fibres de polyester, recouvert d’une substance capable de réagir avec les rayons ultraviolets pour absorber la pollution atmosphérique. Alliant les énergies de la biomasse et marémotrices, chaque Lilypad est aussi doté de nombreux panneaux solaires et d’éoliennes pour assurer l’autonomie énergétique de l’île. Nature et urbanisme sont en symbiose sur chacune des villes amphibies. La faune et la flore peuvent se développer autour d’un lagon central d’eau douce alimenté par les eaux de pluies. »

N’est-ce pas idyllique? Notons la tonalité pseudo-scientifique du texte. L’introduction d’une analyse scientifique connue et reconnue, ici placée au même niveau de narrativité que l’affirmation de la réalisation de ce projet dans quelques années.

lilipad1lilypad2lilypad3lilypad5lilypad6lilypad7lilypad8lilypad9lilypad13